Avant 4 ans : pas de générosité !

 
Eh non ! N’essayez pas de faire participer un enfant de moins de 4 ans à votre élan de solidarité : la notion de générosité ne veut encore rien dire pour lui. Période de fêtes ou pas, il ne donne rien aux autres… et c’est absolument normal à son âge !
 
« Entre 2 et 4 ans, explique en effet le psychologue Harry Ifergan, spécialiste du développement de l’enfant, un tout-petit est en train d’organiser sa pensée. Il commence à donner du sens à ce qui l’entoure – des notions simples comme Papa, Maman, mon frère, mes grands-parents, ma chambre, ma crèche, mon doudou – à établir des liens entre ces éléments essentiels, à comprendre des symboles qui lui serviront à affiner sa pensée… Bref, il est en pleine phase d’accumulation, d’intériorisation mais pas de restitution. Autrement dit, un bébé prend mais ne donne pas, sinon il aurait l’impression de se dilapider, de perdre un bout de lui-même ! Certes, avant 4 ans, il est capable de donner (un bisou, un biscuit par exemple), mais seulement à ceux qu’il connaît bien (ses parents, ses grands-parents, sa nounou, ses frères et sœurs) et toujours parce qu’il sait qu’il va recevoir quelque chose en échange ! »
 
Par conséquent, Harry Ifergan déconseille d’impliquer directement un tout-petit lors des collectes de jouets : d’une part, cela risquerait de briser la magie du père Noël qui apporte des cadeaux à tous les enfants et, d’autre part, votre enfant pourrait accepter de donner quelque chose qui lui appartient pour vous faire plaisir, sans comprendre les implications, et le regretter ensuite…

De 4 à 6 ans : attention à l’excès de générosité !

 
À partir d’environ 4 ans, votre enfant finalise la construction de son « moi » : il sait désormais qu’il peut offrir un cadeau sans pour autant « perdre » une partie de lui-même.
Bien sûr, avant 6 ou 7 ans, il n’a aucune idée de la valeur des choses. Il peut donc échanger avec ses copains un beau jouet contre un petit gâteau ou un bijou de valeur contre des billes. Cela ne traduit pas de problème particulier chez lui : aux parents d’être vigilants et de lui expliquer, sans le gronder, que de tels échanges sont impossibles !
En revanche, si l’enfant devient « trop » généreux (s’il fait souvent des cadeaux disproportionnés à ses camarades, s’il leur offre systématiquement son goûter ou des jouets qu’il aime beaucoup), il faut alors se questionner.
 
« Cela témoigne d’un possible manque de confiance en lui, explique Harry Ifergan. Si un enfant se montre régulièrement trop généreux, c’est probablement qu’il a le sentiment de ne pas avoir suffisamment de qualités pour être apprécié pour lui-même et de devoir faire des cadeaux pour se faire accepter de ses copains. Cela peut aussi être un moyen pour lui d’attirer l’attention de ses parents ! »
 
Ce type de situation peut survenir quand l’enfant se sent un peu exclu ou vulnérable, par exemple après un déménagement ou lors d’une première colonie de vacances.
La solution ? Encore une fois, rien ne sert de gronder ! Harry Ifergan recommande aux parents de veiller à « recharger » leur enfant en affection, en attention et en valorisation.
Pour cela, ils peuvent lui accorder plus de temps en tête à tête, le complimenter sur ses qualités et multiplier les occasions pour lui de se sentir « briller » (activités sportives, travaux manuels, etc.). 
« Dans tous les cas, ajoute Harry Ifergan, n’hésitez pas à dire à votre enfant : “c’est très bien que tu aies envie de faire des cadeaux, mais tu dois toujours me demander la permission avant”. C’est un bon moyen de l’éduquer sans le brimer dans sa générosité ».