Entre 3 et 6 ans, les enfants peuvent encore rencontrer des difficultés à contrôler leurs vessies et leurs sphincters. Ce processus physique, souvent raccourci à la notion « d’être propre », nécessite de se poser la question de « comment ça fonctionne »…

 

L’acquisition de la propreté, c’est avant tout parvenir à contrôler les muscles de sa vessie et ses sphincters. Ce processus physique – le mouvement d’ouvrir et de fermer – s’acquiert entre 18 mois et 3 ans. Avant ça, la partie du cerveau qui commande ce mouvement n’est souvent pas encore prête. Et l’enfant doit également être assez mature. Il doit pouvoir décrypter et nommer ses sensations « intérieures ». Il faut aussi avoir envie de quitter son univers de bébé et de faire « comme les grands ».

 

 

Acquérir la propreté, ça ne s’apprend pas, c’est la maîtrise d’une acquisition.

Impossible d’aller plus vite que l’enfant…

Ce processus ne peut pas être accéléré… au risque de créer de la constipation, des infections urinaires, par exemple, et parfois un sentiment d’échec. C’est pour cela qu’il faut garder à l’esprit qu’il faut aller au rythme de l’enfant, avec des allers retours possibles à la couche si besoin. Et certains acquièrent cette maturité plus vite que d’autres tout simplement !

Et les accidents ?

C’est important de leur faire confiance dans ces moments-là. Il y a une différence entre l’acquisition de la propreté le jour et la nuit. Ce n’est pas choquant, ni illogique, de mettre une couche la nuit ou pour un long trajet en voiture au début de cet apprentissage. Il faut savoir être pratique et surtout à l’écoute. Ça ne sert à rien de se mettre des défis difficiles !

Dans le temps, les enfants étaient mis sur le pot dès qu’ils savaient s’asseoir, vers 9 mois, et à heures fixes. Cette habitude éducative ne donnait pas un contrôle volontaire des sphincters, mais plutôt un automatisme. Pour autant, notre corps a un réflexe gastro-colique : on a « envie » après un repas… Tout comme entendre l’eau du bain couler donne souvent envie de faire pipi : prévoir alors le pot à porter de main… À nous, adultes, d’être à l’écoute et de proposer le meilleur environnement possible, que ce soit le pot ou le réducteur.

Assis sur les toilettes, les enfants peuvent avoir un marchepied sous les pieds : c’est utile pour bien vider la vessie et être mieux positionné pour vider ses selles (et éviter ainsi la constipation). Pour les petits garçons qui font pipi debout, il est important de ne pas simplement sortir un bout de zizi, mais de baisser le pantalon et le slip, afin de bien vider sa vessie.

L’importance du vocabulaire…

Nommer amène à être attentif à ses sensations. Le vocabulaire a son importance : le caca, c’est avant tout naturel, et ce n’est pas « sale »… Mais ce n’est pas non plus un cadeau ! On ne fait pas caca, pour faire plaisir à ses parents. Il faut essayer d’être le plus neutre possible et surtout ne pas se fâcher si l’enfant ne fait rien. Pareil pour l’échéance de la rentrée : inutile de lui mettre la pression en lui disant « tu dois être propre sinon tu n’iras pas à l’école ! ».

Et l’école dans tout cela ?

Soyons bien clair : il n’a jamais été écrit dans les textes de loi de l’Éducation nationale que le contrôle des sphincters, et donc « la propreté », est une condition à la scolarisation. Il est écrit que l’enfant doit être « prêt pour aller à l’école ». Depuis la rentrée dernière, avec l’obligation pour l’école d’accueillir des enfants dès 3 ans, il devrait y avoir encore moins de pression. Mais les établissements manquent de personnel, c’est certain. Cela dit, c’est toujours plus simple et rapide de changer une couche-culotte qui s’enfile, qu’un pantalon…


À partir de quand on s’inquiète ?

Certains enfants ont des petites vessies, très actives. C’est ce qu’on appelle l’instabilité vésicale : c’est physiologique. Quand ils ont envie, c’est tout de suite. Et ils peuvent donc avoir des fuites. On pense souvent qu’ils attendent le dernier moment : mais c’est en fait le premier moment pour eux ! Mais, avant 5 ans, on ne parle pas d’énurésie (le fait d’uriner involontairement. C’est une affection qui touche environ 10 % des enfants).

Merci à Monique Busquet, psychomotricienne, et au pédiatre Véronique Desvignes, pour leur expertise.